L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

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Patton
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L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par Patton » mer. août 26, 2009 4:26 am

Le système Hollywoodien va-t-il finir par tuer le cinéma??

L'article



Extrait

«L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma, a expliqué Coppola, (………………) Tout est désormais tellement orienté vers l'argent que plus personne n'ose maintenant prendre de risques, y compris les studios spécialisés dans les films plus ambitieux sur le plan artistique.»

«Les studios ne peuvent plus mettre ce genre de projets de l'avant aujourd'hui. Cela ne veut toutefois pas dire qu'il ne se fait plus de bon cinéma en Amérique. Les meilleurs films sont produits à l'extérieur du système. Il y a un foisonnement d'auteurs extrêmement intéressants - Solondz, Haynes, Van Sant et plusieurs autres - qui parviennent malgré tout à s'imposer. Évidemment, quand on voit ce que Hollywood nous propose semaine après semaine, c'est sûr qu'il n'y a pas lieu de s'enthousiasmer. Mais il y a - et il y aura toujours, je pense - des voix originales qui arrivent à se faire entendre. Et qui nous redonnent foi en cet art que nous aimons tant.»

A propos de son dernier film : TETRO tourné en noir et blanc.

«Cette vision s'est imposée dès l'écriture, explique Coppola. Aucun producteur ne veut désormais financer des films en noir et blanc, même si cette volonté découle d'une véritable démarche artistique. C'est dommage.»

Elandyll
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Re: L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par Elandyll » mer. août 26, 2009 5:29 pm

Mouais, je ne sais pas. Ca me rappelle une dissertation que j'avais faite il y a longtemps a propos de l'opposition Cinema Hollywoodien / Cinema Europeen.

La dichotomie entre "Blockbuster Hollywoodien" et "film d'auteur" ne date pas d'hier je pense, et l'existence par le passe de films tels que Les Dix Commandements ou les grosses productions de l'age d'or hollywoodien, tres couteuses a l'epoque, n'ont pourtant pas empeche des festivals tels que Sundance de voir le jour par la suite.

Plus recemment, de petits films tels que Juno ou autres Napoleon Dynamite ont cartonne sans prevenir, et ont bien montre aux studios que des films a monstrueux budgets capables de couler un studio a eux seuls (cf Pirates!, Waterworld, Sahara, etc.) ne sont pas forcement la route a suivre.
Je dirais meme que les studios sont plus frileux de ce point de vue, et iront plutot financer soit du cinema de pointe a petit budget, soit de la Franchise hyper connue et banquable (genre film de super hero avec icone connue, ou adaptation de Hero literaire a la Harry Potter ou Twilight).

A mon avis ce ne sont pas les films d'auteurs (les vrais) qui souffrent, mais plutot les films qui sont dans le milieu, couteux, avec des acteurs connus (et chers) mais sans garantie de retour.

C'est pour cela que je pense que District 9 a recemment ete tres important, montrant qu'un film peut avoir un petit budget (relatif - $30M), pas d'acteurs connus, et etre tres tres bon et avoir un bon succes en salles. :)

Je ne pense pas que Coppola a le pouvoir d'attraction qu'il a pu avoir par le passe, et son nom seul n'est plus synonyme de succes populaire (au minimum depuis Tucker). Il regrette donc probablement le manque de budget venant des studios pour des projets "risques".
La faute au Public? Aux Studios?
Je pense que la faute en revient aussi parfois aux Producteurs / Realisateurs qui ne font pas toujours des films que les gens veulent voir, mais veulent juste se faire plaisir.
Apres, il y a forcement une logique economique: Si tu veux faire un film cher, il faut aussi qu'il rapporte, car personne ne travaille (ou n'investit) pour perdre du temps et de l'argent.
Si tu fais ton film juste pour le plaisir de l'art (et le tien perso), eh ben, la contrainte budgetaire peut aussi faire partie integrante du challenge je pense :)

Patton
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Re: L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par Patton » mer. août 26, 2009 10:21 pm

Je suis d’accord avec toi sur le fait que le nom Coppola n’attire plus les foules, comme il pouvait le faire avant. Mais est-ce que sa vision de la situation est teintée par son déclin relatif???
Je crois que son constat est relativement juste. Comme il le dit, il y a encore de bons films qui se font en Amérique. Qui fonctionnent en dehors et malgré le système.
Le problème n’est pas la présence de blockbusters, mais l’absence de prise de risque par certains studios qui ne voient dans les films qu’un objet commercial. Si au moins le succès énorme de certains films aidait à financer des projets plus a risques, au moins sporadiquement. Tu le dis toi-même, les studios vont préférer allez dans le déjà-vu, les suites à l’infini, les héros (supers ou littéraires) des trucs qui touchent un public cible, genre Transformers ou G.I. Joe.
Il faudrait aussi que l’on arrête de mettre d’un coté, la culture du divertissement et la culture tout court de l’autre. La culture est divertissante par essence non?
Je veux de la diversité, que des films puissent êtres faits en dehors d’un moule. Et qu’ils puissent surtout êtres distribués et offert au public. Regarde la place faite dans les salles aux films indépendants face aux blockbusters et c’est la que le bât blesse.
Je veux avoir le choix de voir autre chose qu’un gros blockbuster. J’aime ca, dans le genre The Dark Knight, qui est impeccable. Mais ca prend autre chose.
Il y a tellement de navets qui sont sur-financer et qui ne rapportent pas, pourquoi ne pas essayer justement un auteur qui a une vision artistique un peu plus exigeante??
Je comprends que le but est aussi de faire de l’argent, mais jamais dans l’histoire du cinéma cette logique ne fut aussi implacable, elle se pratique souvent au détriment de la créativité. Le but étant d’offrir un produit qui va plaire, un truc tout à fait formaté dénué d’esprit. Peu importe qui réalise, de toute façon il doit suivre la formule.

Mais tout n’est pas noir ou blanc
Il y a de grands blockbusters, qui sont des classiques par le scénario, la réalisation. Qui ont de l’âme. Et certains films d’auteurs sont tout simplement mauvais.
Mais il y a fort à parier que certains classiques du cinéma ne passeraient pas la première lecture aujourd’hui, parce que pas suffisamment vendeurs.

bill baroud
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Re: L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par bill baroud » mer. août 26, 2009 11:27 pm

Quelque part, Coppola illustre parfaitement le déclin du cinéma américain de studio. Il est peut-être le plus grand metteur en scène de celle qui est certainement la décennie la plus intéressante du cinéma américain : les années 70 (il réalise coup sur coup : le Parrain 1 & 2, Conversation Secrète, Apocalypse Now !!!). A l'époque, les studios donnaient énormément leur chance à des projets compliqués et à de jeunes réalisateurs. Ça a donné, entre autres, Easy Rider, Taxi Driver, la Guerre des Etoiles, Vol au Dessus d'un nid de Coucou, Rencontres de 3ème Type, French Connection, les Chiens de Paille, Orange Mécanique, Y a-t-il un pilote dans l'Avion, Midnight Cowboy, Deliverance, Un Après-Midi de Chien... Combien de ces films pourraient voir le jour aujourd'hui ? Dans les 70's, les cinéastes avaient beaucoup de liberté et des moyens. Les sujets étaient parfois difficiles mais ça n'empêchait pas le public de suivre la plupart du temps.

Avec les années 80, les choses changent. Les studios sont rachetés par de grands groupes qui placent à leurs têtes des businessmen totalement incultes en matière de ciné (et ce n'est pas une caricature) et qui changent de poste tous les deux ans ! Ils arrivent et font la seule chose qu'ils savent faire : chaque film est désormais considéré comme n'importe quel produit industriel, avec étude marketing préalable, placement par rapport à la concurrence, exploitations dérivées, partenariats commerciaux, etc.

Évidemment, à ce moment-là, c'est la fin de la récréation ! Fini les films originaux, on ne recherche plus qu'à reproduire indéfiniment des modèles de films qui ont fonctionné ou à faire des suites qui ne se justifient pas artistiquement. C'est justement à cette période que les Coppola, de Palma, Lumet et Friedkin ont eu du mal à trouver des financements pour leurs projets et se sont mis à décliner.

Alors peut-être que Coppola n'est plus aussi inspiré qu'à une certaine époque (c'est même quasi-certain) mais les studios pourraient au moins lui apporter un certain crédit, eu égard à sa carrière. Seulement, aujourd'hui, le simple fait de dire « je veux faire un film en noir & blanc » est vu par les studios comme un risque économique majeur. Comme si le public était trop lobotomisé pour refuser complètement tout film qui ne serait pas en couleurs ! Surtout quand on voit le résultat visuellement séduisant d'un "Sin City" ou d'un "Dead Man", on se dit qu'il est dommage que le N&B ne soit pas plus souvent employé... :cry:

Il est possible que "Tetro" ne soit pas une réussite, mais je préfèrerai toujours ce genre de tentative originale à un énième volet de "la Momie" ou de "Fast and Furious" qui sortent semaine après semaine et finissent par tous se ressembler (à propos, qui a remarqué que le 1er « Fast and Furious » était un remake à peine déguisé de « Point Break » où le surf est juste remplacé par des voitures tunées ? :) )

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Re: L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par EricP » jeu. août 27, 2009 12:16 am

Un film en noir et blanc avec un sujet "difficile" et qui m'a fait pensé que justement qu'aux USA un certain cinéma à risque continue d'exister c'est "Good Night and Good Luck" de Clooney.
J'avais aussi apprécié "The Good German" dans le même registre.

Clooney m'a pas mal étonné dans son rôle de réalisateur sur Good Night - très à l'opposé de son image de belle gueule habituel.

Patton
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Re: L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par Patton » jeu. août 27, 2009 5:02 am

Bill je suis entièrement d’accord avec toi.
Et une partie du problème réside justement a partir de l’époque ou les films ont cessé d’êtres des œuvres d’arts, pour n'êtres pratiquement plus que des produits culturels commerciaux. Le profit à faire étant le seul critère de jugement.
Ceci créant un moule, une façon de faire sans originalité. Et cela touche aussi les films populaires.
Quand je regarde les grands films populaires des années 60,70 et du début des années 80, particulièrement les films français, qui regorgent de classiques du genre, on ne peut que constater à regret un certain recul.
Mais au moins, le cinéma américain est encore capable de nous surprendre avec des films comme, Being John Malkovich, Adaptation, deux films scénarisés par Charlie Kaufman, qui est une voix vraiment originale dans le paysage cinématographique américain. Ou encore Little miss sunshine, Everything Is Illuminated. Il y a encore une certaine place pour ce genre de cinéma, et heureusement.
Et il y a encore de bons blockbusters, la encore heureusement.


Je copie/colle directement de Wiki parce je trouve ceci intéressant:

Le cinéma est souvent considéré de nos jours comme un divertissement. Pourtant il n’en reste pas moins un art à part entière. La rupture est désormais consommée entre les grosses productions hollywoodiennes et le cinéma d'auteur.
Souvent, le film est une version personnelle de son créateur principal, le réalisateur. Né en pleine révolution industrielle, le cinéma a été fortement marqué par un souci de rentabilité. Il est devenu un « art populaire » en désirant toujours toucher le plus de personnes, parfois au détriment du côté créatif. Dans La Montée de l’insignifiance, de Cornelius Castoriadis, son auteur dit :

« La culture contemporaine devient, de plus en plus, un mélange d’imposture moderniste et de muséisme. Il y a belle lurette que le modernisme est devenu une vieillerie, cultivée pour elle-même, et reposant souvent sur de simples plagiats qui ne sont admis que grâce au néo-analphabétisme du public […] La culture passée n’est plus vivante dans une tradition, mais objet de savoir muséique et de curiosités mondaines et touristiques régulées par les modes. »

hercule
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Re: L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par hercule » jeu. août 27, 2009 7:16 am

L'ironie c'est que Coppola est en quelque sorte le parrain d'un certain George Lucas (parrain au sens professionnel, puisque c Coppola qui a bp appris à tonton George). C'est lui qui lui a enseigné le goût pour l'indépendance (d'esprit et à l'égard du système...).
D'ailleurs on oublie souvent que Star Wars reste un film indépendant. Ca paraît curieux puisque c'est un gros Blockbuster, mais c'est bien le cas.
Ca viendra complexifier ce bo débat...

bill baroud
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Re: L'industrie ne s'intéresse plus au cinéma selon Coppola

Message par bill baroud » jeu. août 27, 2009 9:40 am

Patton a écrit : Quand je regarde les grands films populaires des années 60,70 et du début des années 80, particulièrement les films français, qui regorgent de classiques du genre, on ne peut que constater à regret un certain recul.
Mais au moins, le cinéma américain est encore capable de nous surprendre avec des films comme, Being John Malkovich, Adaptation, deux films scénarisés par Charlie Kaufman, qui est une voix vraiment originale dans le paysage cinématographique américain. Ou encore Little miss sunshine, Everything Is Illuminated. Il y a encore une certaine place pour ce genre de cinéma, et heureusement.
Et il y a encore de bons blockbusters, la encore heureusement.
Tout à fait d'accord. Je ne dis pas qu'il n'y a plus de bons "petits films", ou plus de films abordant des sujets difficiles. De même, tous les gros films d'action ne sont pas nécessairement mauvais. Tu en a cité plusieurs très bons exemples. Je pense juste qu'il y a de moins en moins de prise de risque de la part des studios, surtout dans les grands films populaires. Les films se divisent désormais en grandes catégories : film d'action pour public jeune, comédie romantique pour public féminin, comédie familiale, drames pour public plus âgé. Un projet qui n'entre pas dans ces catégories a un mal fou à voir le jour. Il faut souvent qu'il reste dans un budget raisonnable, qu'il ait l'appui d'une star ou la volonté du studio de récolter des récompenses (ça fait toujours bien d'avoir produit un "film à Oscars").

Comme les types de films sont de plus en plus limités, on finit par se retrouver avec beaucoup de films d'action et forcément beaucoup de mauvais (qui en plus essaient de copier sur les bons mais ni arrivent pas, ce qui les rend encore plus mauvais). Plus un genre est exploité et plus on y trouve de navets sans pour autant avoir plus de bons représentants du genre en question. C'est le nivellement par le bas.

L'exemple type depuis 10 ans est cette volonté des studios de retrouver le succès du 1er Matrix. Résultat : on a eu droit à une multitude de plagiats sans inspiration (même effets de mise en scène, même thèmes... mais en moins bien !). Le pire est que souvent ce sont les projets novateurs qui arrivent au milieu de films formatés qui tirent leur épingle du jeu auprès du public... et à ce moment-là tout le monde essaie de le copier : reformatage du modèle-type du film à plagier à outrance ! C'est le cercle vicieux.

Moralité, ce qu'il faut copier ce n'est pas le film à succès lui-même mais son intention d'être original et novateur.

Au passage, très intéressant, l'article que tu as posté. :wink:

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