Hollywood court-il à sa perte? La suite

[Patton]

Je copie l'article d'ici

La semaine dernière, Francis Ford Coppola donnait une entrevue à Bloomberg News dans le cadre du Festival de cinéma de Beyrouth :

Le cinéma tel qu’on le connaît est en train de s’effondrer. Nous vivons une période de changement incroyable. On connaissait dans le temps six ou sept grandes compagnies. En ce moment, chacune d’entre elles vivent un grand stress. Probablement que deux ou trois vont faire faillite et que les autres vont faire des films à la Harry Potter - essentiellement, essayer de faire encore et encore Star Wars, parce que les affaires ce sont les affaires.
Pour ceux qui voient dans ces sombres prédictions un sermon défaitiste typique d’un has been qui essaie de justifier ses propres déboires artistiques, peut-être préféreriez vous consultez des chiffres?

Le Guardian s’est récemment entretenu avec le directeur d’une compagnie spécialisée dans le financement de films. Les données sont assez frappantes : l’industrie du cinéma américain va couper son taux de production d’un tiers. Et ce, dès l’année prochaine! D’un nombre record de 606 films produits cette année, Hollywood en comptera moins de 400 en 2010. «Et ça risque de baisser dans le futur». Pendant ce temps-là, les ventes de DVD connaîtront une chute de 25%…

Selon le Guardian, tous ces chamboulements auront un effet négatif pour les spectateurs, qui verront l’offre s’homogénéiser : «Une plus grande proportion de ces ressources désormais réduites iront dans des champs plus étroits comme les films de science-fiction ou de super-héros».

Mais la crise économique, l’Internet et la révolution numérique ne devraient pas être tenus comme seuls responsables du présumé déclin d’Hollywood. Dans une conférence sur l’avenir du cinéma indépendant largement citée sur le web, Bill Mechanic, l’ancien PDG chez Fox Filmed Entertainment (qui s’est fait saquer par Rupert Murdoch quand Fight Club n’a pas rapporté les profits escomptés), affirme que l’industrie n’a qu’elle même à blâmer pour ses déboires.

Reconnu pour sa franchise, Mechanic dissèque avec grande acuité ce qui ne va pas avec la philosophie hollywoodienne. Je traduis ici quelques extraits, tout en vous recommandant fortement de lire le discours dans son intégralité (quelques morceaux choisis ici) :

Ce fut la plus étrange des leçons pour moi [du temps qu’il fût PDG]. Que le milieu indépendant, qui devrait avoir pour objectif de faire les choses mieux et différemment que les studios, n’a pas ce mandat du tout. La seule chose que les distributeurs et les financiers indépendants recherchent c’est LA MÊME CHOSE. Ça coûte peut-être moins cher que les majors, mais ils veulent ce que les studios veulent ou, dans le jargon de Fight Club, ils veulent des copies d’une copie.

Je comprends maintenant que les choix les plus conventionnels comme X-Men ou Ice Age auraient à peine une chance d’être produits de manière indépendante. Pourquoi? Parce que dans le temps, ces films ne ressemblaient à rien d’autre.

C’est irrespectueux pour ne pas dire stupide de penser que le public ne peut faire la différence entre l’original, qui à l’occasion peut même avoir de nouveaux visages, et la copie, qui est presque toujours remplie de pneus rechapés. C’est comme penser qu’on peut vendre les nouvelles de la veille avec une manchette différente.

Les entrées en salle connaissent un déclin ces dernières années et, peut-être le plus troublant dans tout ça, le public pour lequel Hollywood consacre la majorité de son temps, les moins de 25 ans, sont justement ceux qui trouvent autre chose à faire. […] Au cours de la dernière décennie, les admissions chez le groupe-cible ont chuté de 21% et de 24% dans l’autre catégorie-clé, les 25-39 ans.

Et oui, cette grille force une autre question : si le public change, pourquoi le produit ne change-t-il pas aussi? Nommez-moi cinq films commerciaux qui ont réussi à atteindre avec succès les plus de 30 ans cette année?

Pour terminer, je propose la conclusion de l’essai de David Thomson, qui adopte une approche plus socio-philosophique du sujet:

Les stars, les genres, l’artisanat et la confiance des entreprises n’existent plus. Pourtant, quiconque a déjà vu un film, revient toujours à un besoin fondamental : dites-moi une histoire que je n’ai jamais entendue auparavant. À moins que - et il s’agit de la plus grave des anxiétés - nous ne reconnaissons plus l’équation entre les nouvelles histoires et l’espoir pour le monde. En 1939, Gone With the Wind fut ce qu’il fut parce que le public craignait la guerre et la faim. Le film a prospéré parce que la romance de l’espoir était encore vivante. Si les films sont aujourd’hui en recul, est-ce parce que notre capacité d’espérer s’est flétrie?
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Petit avis personnel
L’avènement du 3D,dont tout le monde parle, n’est qu’un moyen pour regagner le public, mais malheureusement, on veut seulement changer le contenant en oubliant encore une fois le contenu.

De la daube en 3D, ca reste de la daube.

[bill baroud]

Je suis assez d'accord avec Coppola et B.Mechanic, le cinéma hollywoodien semble être revenu à ses mauvaises habitudes des années 1980. Les gros budgets vont presque uniquement à des projets pré-formatés, réalisés par des "yes men" sans personnalité (pléonasme) et tenus par des producteurs qui ne sont que des businessmen pensant merchandising. Aujourd'hui quand un film made in Hollywood sort on ne parle plus de sa qualité ou de son originalité mais de son budget pharaonique ou de ses SFX... comme si on allait voir un film uniquement parce qu'il a couté 150 millions $ !

Cette situation avait conduit à de très gros échecs financiers pour les studios dans les 80's et certains avaient fermé leurs portes. Aujourd'hui MGM est à l'agonie (surtout depuis qu'ils n'ont plus la franchise James Bond) et d'autres sont en grosse difficulté. Espérons que ça leur donne à réfléchir et qu'on reparte vers un nouveau cycle plus créatif. J'ai cependant peur que ce ne soit pas pour tout de suite si les studios croient que la 3D viendra les sauver de tous les maux. La 3D était déjà un argument commercial pour vendre des films médiocres dans les 50's, il n'y a pas de raison pour que ça change aujourd'hui... Ce n'est pas la technologie qui fait un bon film.

[jon1138]

Et il n'y a pas que le cinéma ! Les jeux vidéo et la musique vont dans ce sens !

En jeu vidéo, on se bouffe FPS sur FPS sans qu'aucun ne change grand chose et même globalement, on oublie de raconter des histoires (comme au cinéma !)....Perso, je me souviens de jeux comme Little Big Adventure, Wing Commander IV, Sam&Max, Day OF The Tentacle, Monkey Island etc : des jeux avec des histoires, du délire (enfin, les 3 derniers titres cités) grâce à des dialogues géniaux.

Et la musique, n'en parlons pas, on bouffe daube sur daube, les jeunes n'ont plus aucune culture musicale (certains ne connaissent pas les Beatles ou les Rolling Stones...) et écoute du bruit fabriqué par les majors...

bref, c'est la m**de !

[PS3 blueman]

oui c'est vrai que ce phénomène se generalise, mais tant pis pour hollywood et tant mieux pour les autres, certains films asiatique, africains, bresil, francais, ou d'autre encore tente des coups en faisant des films à petit budget mais avec de belle histoire, ou des histoires originales, le fait que hollywood souffre leur laisse encore plus de chance de se faire connaitre.

et pour finir sur les jeux vidéo, j'aimerais aussi voir une sorte de LBA sur PS3 car il le faisait ce jeux

[lionel]

...

De la daube en 3D, ca reste de la daube.

j'adore !!! parce que c'est on ne peut plus vrai